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Catherine Volk crée des sérigraphies et des sculptures à partir de ses croquis, Julian Augé , journaliste l'interroge :

D’abord une question qui me taraude : qu’est-ce que tu viens faire au Carbet ? Car on te connaissait déjà un atelier à la Bastide…

En effet j’ai deux lieux de recherche artistique, l’Atelier perché où je fais de la sérigraphie et le Carbet où je me concentre sur la sculpture. Matériellement, les deux auraient du mal à coexister au même endroit : les matériaux que j’utilise pour la sculpture, ça fait beaucoup de poussière, et la sérigraphie ça demande pas mal de place. Alors j’ai décidé de passer la moitié de ma semaine ici, et l’autre moitié là bas. Entre nous je passe aussi pas mal de temps dehors, à dessiner des circassiens, des danseurs… mais ce sont mes deux points de repères quand je dois retourner en atelier.

 

Commençons peut-être par la sérigraphie : comment est-ce que tu en es venue à cette technique artistique ?

Au tout début, ça part d’un accident : quand j’arrive aux Beaux-Arts de Bourges à la fin des années 1980, c’est avec l’intention de faire de la céramique. Mais la professeure de céramique vient de partir à la retraite, l’atelier de céramique ferme alors je me rabats sur la gravure, parce que de toutes façons j’ai besoin de manipuler de la matière et des outils. Sauf que dans ce cours de gravure, va savoir pourquoi, on n’utilise pas la couleur, on n’a pas le droit. Ça m’ennuie, je passe vite à la sérigraphie, où tout l’enjeu c’est justement de travailler avec des couches de couleur. C’est ce travail par couches successives que j’aime le plus dans la sérigraphie. Recouvrir ou laisser la transparence.

 

Et c’est parti pour trois décennies de sérigraphie ?

Non. La vie fait qu’après les Beaux-Arts, je m’engage dans le métier de graphiste. Tu noteras qu’un des piliers de Photoshop, c’est de pouvoir fonctionner par calques, donc par couches. Je saurai m’en souvenir. Mais entre temps je travaille pour l’imprimerie, pour la publicité, la communication. J’enseigne aussi : la PAO d’abord, les arts appliqués ensuite. Mais la sérigraphie je vais y revenir par accident, encore. On est en 2010, j’habite à Bristol, et je frappe à la porte d’un atelier de renom, le Spike Print Studio, pour avancer un projet de gravure sur bois, autour des costumes traditionnels du Chiapas au Mexique. Là encore, au lieu de m’en tenir à la gravure, je lorgne sur la pièce d’à côté, où se trouvent les insoleuses, les « beds » et les écrans en nylon : j’ai retrouvé la sérigraphie, je ne la quitterai plus !

 

Mais tu quittes Bristol…

Mon séjour là bas devait durer trois ans, c’était le contrat. Résultat, en rentrant je me démène pour rassembler l’équipement qui pourra me permettre de continuer à sérigraphier : je trouve du matériel qui touche parfois à la pièce de collection, et j’aménage un premier atelier dans mon garage au Mans ; puis je m’emploie à relancer le coin sérigraphie de l’Atelier des Lilas à Paris ; enfin ça débouchera sur l’Atelier perché, mon actuel atelier de sérigraphie, ouvert depuis 2017 à Bordeaux, que j’ai fait construire dans un container. D’ailleurs pour être honnête, je n’ai jamais vraiment quitté Bristol. J’y ai gardé beaucoup de liens, j’y fait régulièrement des séjours. J’en ai surtout ramené une philosophie : « Essaye et tu verras », c’est ce qu’on me répétait tout le temps là bas.

 

Et la sculpture, ça vient quand ?

Là aussi c’est par touches successives et par accident. J’en avais déjà fait un peu dans les années 2000 quand j’étais à Compiègne. Mais mon vrai retour à la sculpture c’est en 2021. Je sors d’une aventure où je me suis investie à fond, l’Atelier d’art populaire à Cenon, mais qui s’est arrêtée brutalement… J’ai besoin de me ressourcer et c’est une amie, Marthe, qui vient à mon secours : « Mets les mains dans la terre, ça fait du bien », me conseille-t-elle, tout en m’ouvrant les portes de son atelier de poterie. Trente ans après avoir dû renoncer à la céramique, j’y accède enfin ! Elle me fait découvrir différentes terres, différentes techniques, et différentes cuissons… et notamment celle du ciment prompt, que pratique l’artiste Keramzi, chez qui je suis allée depuis faire un stage. J’adore cette technique pour ce qu’elle relève du « non décidé ». Tout va très vite, tu ne peux pas décider grand-chose, il faut juste canaliser, dompter la matière et ce qu’elle devient. C’est un peu pareil qu’avec un pinceau finalement, dont je considère que je dois juste l’aider à faire un peu moins ce qu’il veut sur le papier…

 

Les arts et les techniques se rejoignent finalement dans ton travail ?

Dans tous les cas j’ai privilégié, malgré moi sûrement, les techniques où je dois me laisser entraîner dans ce qui ressort des différentes tentatives. Tester, positionner, découper, faire des maquettes, et petit à petit ça finit par se faire indépendamment de ma volonté.

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